Construite vers la fin du XII siècle, l’église catholique Saint Martin mesure vingt mètres de hauteur sur six de largeur. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en totalité par arrêté du 24 décembre 1925.

Elle se trouve au milieu du cimetière du village, au cœur du bourg. Le caractère pittoresque et authentique de ce monument est à voir lorsqu'on se balade dans le village.

Elle se compose d'une nef unique de trois travées, couverte d'une voûte en berceau brisé. L'édifice est terminé à l'est par un chœur carré et une abside à pans, couverte d'une voûte en cul-de-four. L'église, dans son clocher-mur, conserve une cloche datée du 21 mars 1557.

À l'intérieur, la chaire à prêcher, en pierre, date de l'époque de la Contre-Réforme, soit la fin du XVIe siècle et le bénitier date du XIIe siècle. Il est orné d'une série d'arcatures ; pendent des grappes de raisins ou des pommes de pin, symboles de la Vie éternelle. 

Le portail aligne douze colonnes avec chapiteaux.
L’ébrasement sud a des corbeilles lisses. L’ébrasement nord est d'origine : des corbeilles à feuilles d'eau et à motifs géométriques, sommées de tailloirs qui alternent plusieurs rangs de dents de scie. Sur la double colonne, se trouvent les restes de l'unique sculpture figurée, elle est très abîmée. 

Lorsqu'on observe avec attention le portail, deux des dix colonnes apparaissent « dépareillées » par rapport autres, en effet, elles seraient issues de la villa gallo-romaine, établie non loin de l’Edifice catholique au lieu-dit Prusines. 

Autre particularité de cette Eglise, le chevet a conservé ses modillons, on en dénombre une vingtaine, tous d'origine et en très bon état. On y retrouve des figures comme des animaux familiers, des animaux mythologiques, des monstres démoniaques ou des humains. De plus, les figures humaines peuvent représenter des activités telles que : jouer d'un instrument de musique, exercer une activité de labeur ou une activité résolument sexuelle. Les modillons de ce dernier type sont souvent désignés comme obscènes, ils sont très fréquents sur les églises romanes de France, d'Angleterre, d'Irlande et d'Espagne. 

A l’intérieur de la Nef, on remarque également une petite sculpture sous la voute de l’entrée, similaire a un mascaron, c’est Saint-martin qui veille sur les lieux.

Où que nous nous trouvions, nos pas foulent des vies passées.

Cela se vérifie à Lugaignac où, à certains endroits, nos balades traversent l’emplacement d’une vaste villa Gallo-Romaine. Elle fut découverte en Avril 1996 suite à un défonçage agricole. Ces investigations ont été confiées par le Service Régional d’Archéologie d’Aquitaine à l’Association Historique du Pays de Branne sous la présidence de Jean François Duclot, avec l’aide de nombreux bénévoles, le soutien de la mairie et son maire Jean-Claude Delfaut  ainsi que l’intérêt pour cette importante découverte archéologique de beaucoup d’habitants de la commune.

Une détection aérienne de l’ensemble puis une prospection au sol de quatre mois ( de Mai à Aout 1996) menées par l’archéologue Jean-Luc Piat, ont mis à jour de nombreux vestiges : colonnes, tuiles, carreaux de terre cuite, clous, fragments de verre. Une zone où une importante concentration de tessons de céramique de production locale a été retrouvée indique qu’il s’agit d’un rebut de cuisson d’un four de potier. Des objets domestiques ou de décor comme un émouvant fragment de statuette, des jetons de jeu, bris de vaisselle, monnaies, amphores, lampes à huile. En 1987 déjà des prospections avaient révélé un abondant dépôt de scories métalliques tel des résidus de fonte laissant supposer la proximité d’un atelier métallurgique. Des ossements d’animaux comme des bovins, ovins, caprins ont été découverts ainsi que le squelette d’un canidé. Outre ces vestiges, les fouilles ont remis à jour les murs et fondations de la villa et de ses thermes avec ses matériaux : marbre, schiste stuc et enduits peints pour la décoration des murs ainsi que de nombreux fragments de mosaïques.

Bien avant, Léo Drouyn en 1878 avait le premier signalé l’existence de vestiges antiques, et fit mention de « débris romains dans les champs s’étendant au-dessous du bourg et de la maison noble de "La Beillie" à Lugaignac. La grande question était pour les érudits de l’époque de savoir si ces traces du passé n’appartenaient pas à la villa d’Ausone, sachant par ailleurs qu’une de ses villas portait le nom de Lacaniacus. Il n’y a toujours pas de réponse précise à cette question.

En 1987, Bernard Larrieu et ses élèves du collège de Branne menèrent des prospections de surface et localisèrent des substructions gallo-romaines près du lieu-dit « Prusines ».

Les fouilles de 1996 ont permis de situer et tracer la disposition  de la villa et de ses thermes et de dater la période d’occupation de la moitié du premier siècle après JC jusqu’au VI siècle.

Dire que l’entreprise de ces fouilles fut valeureuse et courageuse est un euphémisme tant les défonçages agricoles successifs ont mis à mal ces strates du passé et de l’histoire.

L’ensemble définit une construction organisée autour d’une cour centrale, l’aile orientale fouillée, longue de 30 m sur une largeur d’environ 7m. L’édifice est situé sur le site de Prusines à environ 200 m de l’église du XIIème. Le portail de celle-ci est constitué de fûts cannelés antiques, certainement un réemploi des ruines de la villa.

_{Sources : La villa gallo-romaine de Prusines, commune de Lugaignac", Jean-Luc Piat, septième livraison des Mémoire des Pays de Branne, 2008, p. 5 à 46. Editeur : AHB-RPG, 1 le Bourg, Camiac et Saint-Denis, 18 euros.}

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_{Lysiane Réginensi-Rolland}